L’année du buffle ayant commencé, voici le premier épisode de la saison 2 !

Pour ceux qui n’ont pas suivi la saison 1… ou qui veulent relire les épisodes précédents, voici les liens :

La période collectivisation a montré ses limites, alors qu’elle devait permettre l’effacement des inégalités sociales, elle met en lumière de nouvelles disparités.

Décollectivisation et retour à l’exploitation paysanne 1980-1995 – partie 1

Vers une distribution des terres

En 1978, l’Etat lance sa campagne de « libéralisation rurale » avec la disparition des communes populaires : les terres et les moyens de production sont redistribués ; normalement les personnes obtiennent une certaine liberté dans les techniques de culture, un usufruit des terres (la brigade restant propriétaire) avec des objectifs de production édictés par l’Etat. Toutefois le statut de minorité fait que les paysans ne sont pas obligés de donner à l’Etat une partie de leur production.

Dans la région de Danian, cette politique n’est mise en oeuvre qu’à partir de 1979. Il faut d’abord faire un classement des rizières selon le rendement ; puis les parcelles sont réparties dans chaque équipe de travail.

Les critères de répartition se font en fonction de la distance, de la qualité du terrain, de la qualité du fumage des années antérieures, en proportion du nombre de personnes par foyer.

Pae exemple, la distribution était en moyenne de 1 à 1,2 mu par adulte.

en 1981 les bois sont ensuite redistribués : 10 à 30 arbres par famille (essentiellement des pins de Chine) ; pour les bois de moindre valeur productive, le partage est évalué entre 5 à 15 mu de surface boisée.

Conséquences sur les modes de culture

En 1984, l’Etat met en place des baux de 15 ans pour les terres irriguées et sèches et prolongés de 30 ans en 1996. Avec la pression démographique, la population demande à ce que les redistributions soient faites de façon plus régulière pour correspondre à la situation des foyers. Ces remembrements ont alors lieu tous les 3 à 10 ans selon les villages.

En cas de modification importante des familles, un système de tirage au sort est organisé. Ces procédures sont de moins en moins utilisées avec la mobilité des personnes (travailleurs migrants, etc.) rendant très complexe ce type de gestion.

A partir de 1980, les versants et sommets deviennent par défaut la propriété de ceux qui les cultivent et ne font plus partie des redistributions.

Les terres restent encore propriété de la brigade de production, les familles sont toujours locataires de leurs terres à titre gracieux.

Quant à la gestion des eaux, elle ne change pas depuis les communes populaires. Les rizières sont irriguée par gravitation, aucun système d pompage, de bassins de rétention n’est mis en place.

En 1981, l’Etat impose un système de gestion forestière selon deux fonctionnements :

  • « montagnes à entretien autonome » : données aux ménages en durée illimitée
  • « montagnes à responsabilité » : données à des groupes de familles pour une durée de 70 ans

La plupart des forêts proches des villages sont classées dans la première catégorie. Elles subissent un important déboisement : les sapins de Chine pour la construction, les autres essences pour le chauffage. Ces parcelles sont très vite reboisées essentiellement en sapins de Chine (2000 à 3000 arbres/ha) à haut rendement et parfois en camélia à huile près des villages.

Dans les forêts éloignées gérées dans la 2e catégorie, les plantations se font en sapins de Chine avec des subventions de l’Etat pour les surfaces supérieures à 15 mu.

A suivre…

Nos articles sur le riz glutineux ont pour sources des données locales chinoises, internationales, et reposent sur une étude faite en 2009 par deux étudiants en école d’ingénieur en agronomie ayant passés plusieurs mois d’enquête sur le terrain à Danian, ainsi que nos observations personnelles dans la région du Guizhou et du Guangxi.

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