Article écrit et publié par Françoise sur son blog le 29 octobre 2008

Les paysans miao du village de Yala ont terminé la récolte et ont suspendu les gerbes de riz pour les faire sécher pendant deux mois sous le toit de leur maison. Ensuite, il sera entreposé dans une petite pièce et décortiqué au fur et à mesure des besoins de la famille. On ne peut pas le décortiquer trop longtemps à l’avance, de peur qu’il soit mangé par les charançons. L’écorce du riz est une protection efficace. Certaines familles gardent encore du paddy (riz non décortiqué) de la récolte précédente et même de l’année d’avant. Lorsque je leur demande pourquoi ils ne vont pas le vendre au marché pour avoir un peu d’argent, ils me disent qu’ils préfèrent le garder en cas de mauvaise récolte ou autre calamité naturelle. Les habitants des villages des Grandes montagnes Miao, surtout les aînés, ont encore en mémoire le souvenir cruel des années de famine du « Grand bond en avant », à l’époque de Mao, où plus de la moitié des paysans vivant dans les montagnes sont morts de faim. Certains m’ont raconté qu’ils étaient alors de petits enfants et ils n’ont pu survivre qu’en tétant le lait des chiennes !

« Le paddy (riz non décortiqué) peut être conservé jusqu’à trois années. Chaque famille a sa propre réserve. Le temps des coopératives est terminé. Ici on les appelait Communes populaires ou Brigades de production. Le riz était mis en commun et tous les gens devaient manger « à la grande marmite ». Les rations alimentaires étaient insuffisantes et les gens devaient marcher longtemps pour aller prendre leur repas. C’était invivable pour les paysans miao dont beaucoup sont morts de faim pendant la famine du « Grand bond en avant ».

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Pendant plus d’un mois, à partir de la fête de la mi-automne, les paysans Miao vont couper une à une les tiges de riz gluant pour les entreposer chez eux pour un temps de séchage. La récolte du riz gluant est longue, difficile et fatigante mais c’est aussi une période d’entraide familiale et amicale. Les paysans se regroupent pour récolter parcelle par parcelle. Une fois le riz gluant récolté, c’est la fin de la saison agricole.

Il y a 15 ans, les surplus qui étaient stockés par peur de mauvaises récoltes les années suivantes. Aujourd’hui, les paysans ont encore tendance à stocker leur récolte mais il y a un peu moins de bouches à nourrir du fait de la migration. En outre, certains paysans vendent une partie de leur récolte de riz gluant, qui est biologique et plaît aux citadins. Le revenu qu’ils en tirent reste modeste car le riz ne peut être récolté qu’à la main et aucune technique moderne ne peut être adaptée aux pentes escarpées des grandes montagnes Miao.