Article écrit et publié par Françoise Grenot-Wang sur son blog le 9 décembre 2007

Dans les villages de montagne au sud-est du Guizhou, on peut voir les femmes Pan Yao fabriquer leur propre papier à la maison. Sur un grand cadre de bois supportant une toile épaisse fixée avec des cordes, est étalée une pâte liquide que l’on fait sécher au soleil. On détache ensuite la feuille de papier qui est pliée et conservée ou vendue au marché du bourg le plus proche. Les Yao utilisent une écorce ou de la paille de riz, macérée plusieurs jours de suite dans l’eau puis mélangée à un solvant, issu d’une racine sauvage. Grâce au papier artisanal, les Yao ont développé un art religieux unique. Chaque famille possède une série de 18 peintures représentant les divinités protectrices du peuple Yao, dont le fameux roi Pan, leur ancêtre-chien[1]. Le papier des Yao sert également dans la région à fabriquer des chapeaux coniques (le papier huilé est inséré sous l’armature en bambou) et jusqu’aux années 1970, il était utilisé pour faire les parapluies et ombrelles, recouvert d’un vernis et collé sur une armature en bois.

Aujourd’hui, lorsqu’on observe les femmes Yao fabriquer leur papier, reprenant les gestes traditionnels millénaires de leurs ancêtres, on est en droit de se demander si ce ne sont pas les Yao qui sont les véritables inventeurs du papier.

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Cette tradition de fabrication du papier est encore bien présente chez les Yao Pan nichés en haut des montagnes du sud-est du Guizhou.Ce papier étant très résistant au temps et à l’humidité, leurs livres religieux peuvent donc passer de génération en génération. Leurs peintures représentant des divinités protectrices sont bien conservées et sorties lors de leurs célébrations


[1] Voir Au cœur de la Chine, p. 135.