Article écrit et publié par Françoise sur son blog le 9 décembre 2007

L’hiver, les Miao des Grandes montagnes Miao portent un costume fait dans un coton tissé teint à l’indigo. Le bleu indigo est obtenu grâce à une plante, la renouée tinctoriale, ou persicaire à indigo, plantée au printemps et cueillie à l’automne.

Les feuilles sont mises à fermenter durant sept jours dans un tonneau : on laisse décanter, puis on retire le dépôt et on ajoute de la chaux au liquide. Les feuilles décomposées sont ensuite retirées du liquide et de la chaux est ajoutée à ce bain de teinture qui forme alors une mousse bleu foncé. Enfin, on plonge le tissu à froid dans le bain de teinture obtenu : l’indigo.

Il faut huit bains successifs pour obtenir une couleur bleu sombre. Entre chaque bain, le tissu est mis à sécher au soleil. Le tissu teint est longuement martelé à l’aide d’un maillet de bois sur une pierre plate et badigeonné au blanc d’œuf ou au sang de bœuf, de façon à obtenir un effet brillant et violacé. Ce traitement donne aussi au tissu une texture résistante et imperméable, ne laissant passer ni le vent ni la pluie. Des broderies ou bandes tissées sont apposées sur les manches, le col et le plastron. Un vêtement ainsi fabriqué entièrement à la main est d’une très grande solidité.

Jusqu’à une époque récente, la fabrication des vêtements occupait plus de la moitié du temps de travail des femmes. La culture du coton, le cardage, le tissage, la teinture, la couture et la broderie exigent un effort important. Les tissus synthétiques ont tendance à remplacer les cotons traditionnels, mettant ces traditions anciennes en grand danger de disparition.

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Il y a 16 ans, la tradition du tissu indigo était en danger. Aujourd’hui, cette tradition perdure mais n’est plus pratiquée par beaucoup de femmes. Les tissus synthétiques se sont imposés pour l’habit du quotidien, le tissu indigo étant réservé aux habits de fête.

Ces tissus synthétiques sont néanmoins ancrés dans la tradition Miao dans le sens où les femmes vont acheter des patrons de tissus synthétiques pour faire leur veste et plastron Miao, sur lesquels elles vont soit broder elles-mêmes soit acheter les bandes qui les ornent. À chaque année sa mode avec ses couleurs tendance : les femmes aiment réaliser régulièrement de nouvelles vestes.

La veste Miao reste portée par beaucoup de femmes même si les tenues dites occidentales, bon marché s’imposent peu à peu, et sont notamment plébiscitées par les enfants.