Article écrit et publié par Françoise Grenot-Wang sur son blog, le 7 juin 2008.

En ce début de juin, dans les montagnes Miao, les pentes sculptées en terrasses sont remplies de monde. C’est la période du repiquage des plants de riz, que l’on transporte de la rizière où l’on a fait les semis pour les replanter à espacements plus larges. On dirait qu’ici le temps s’est arrêté.

Sur les peintures de l’époque Ming, décrivant les coutumes des anciens Miao, on voit que les mêmes gestes se répètent, une année après l’autre, un siècle après l’autre, dans une harmonie parfaite entre l’homme et la nature.

Le riz « gluant », traditionnellement cultivé par les paysans Miao avec le fumier comme engrais, est un produit d’agriculture purement biologique, d’une grande richesse nutritionnelle. Mais son rendement est insuffisant, dans une région fortement peuplée dont les terres cultivables sont limitées à un are environ par personne. Il faut 300 kg de riz par personne et par an pour assurer l’autosuffisance alimentaire. Sachant qu’en montagne on ne fait qu’une récolte par an, les paysans Miao manquaient de riz chaque année.

C’est pourquoi le gouvernement chinois a encouragé la culture d’une forme de riz hybride. Mais ce riz rend les paysans dépendants des fournisseurs de graines, d’engrais chimiques et d’insecticides, ces derniers représentant une menace pour la santé des animaux domestiques et la pisciculture en rizière, et polluant la nappe phréatique.

D’hier à aujourd’hui…

En 2008, les Miao étaient beaucoup plus nombreux à vivre à l’année dans les grandes montagnes et il y avait donc davantage de bouches à nourrir.
Aujourd’hui une part importante de la population travaille dans des villes ou provinces éloignées et ne passe que quelques semaines par an au village.
Les habitants reviennent donc naturellement à la culture traditionnelle du riz « gluant », issu de pratiques biologiques, qui reprend donc peu à peu sa place dans ces montagnes.