LA MINUTE CULTURELLE : RELATION AVEC L’INSTRUMENT
Comme chaque mois, voici notre minute culturelle où nous vous faisons découvrir et aimer la vie des minorités Miao, Yao et Dong.
Ce mois- ci nous nous arrêterons sur la relation que les joueurs de Lushengs entretiennent avec leurs instruments.
Une caractéristique intéressante du Lusheng est que tout son pouvoir réside dans le jeu instrumental. Le joueur Miao ne considère pas que son instrument a un esprit intérieur ni une intelligence. Le Lusheng est considéré comme un outil inanimé et, de ce fait, il n’est pas nécessaire de maintenir une relation personnelle avec l’instrument. Un joueur ne fait pas appel au monde des esprits pour l’assister dans son jeu bien que le Lusheng puisse parler directement aux esprits. La méditation, la prière, une attitude respectueuse, rien de tout cela n’est nécessaire pour bien jouer du Lusheng.
Ce qui est requis pour jouer du Lusheng est une excellente mémoire afin de se souvenir de chacune des centaines de chansons qu’un maître joueur doit connaître.
Pour l’esprit occidental, cela peut sembler ironique ou peut-être même choquant qu’au bout de cinq à huit ans, l’espérance de vie moyenne du Lusheng, aucune affection sentimentale n’est accordée à l’instrument; c’est sans cérémonie qu’il est jeté et remplacé.
Une autre particularité est que le Lusheng communique avec le monde des esprits mais ne dialogue pas avec lui. Contrairement au Chamane Miao qui dialogue avec les esprits et les démons, le joueur de Lusheng n’attend aucune réponse du monde des esprits. Si le message est toujours reçu par le défunt, c’est par l’intermédiaire du Chamane (shifu ou Maître师傅)), le traducteur d’esprit, que le message des esprits est transmis au monde des vivants et c’est également par son intermédiaire que le monde physique sera en paix.