Le riz glutineux – Saison 1 épisode 6
Après…
Le système agraire collectiviste 1962-1980 (partie 1)
Un retour progressif de la propriété
Le « Grand Bond en Avant » a montré ses limites et n’a pas permis d’assurer un développement agricole qui s’est finalement soldé par un appauvrissement général des paysans et des récoltes insuffisantes pour assurer une alimentation de base à la population.
Les dirigeants changent alors de stratégie et permettent alors aux familles de posséder des terres pour le jardin, des animaux (volailles et porcs) ainsi qu’une maison ; elles peuvent également compléter leurs revenus par de l’artisanat et du petit commerce. En contrepartie, les cantines gratuites collectives disparaissent
Les terres et les outils repassent aux équipes de production (une dizaine de familles) et les brigades deviennent l’organisation de base (cf. épisode 5).
Une nouvelle organisation à petite échelle
Un remaniement des structures prend forme : une Commune Populaire est maintenant organisée en brigades de production (soit 2 à 3 brigades par village), ces dernières comprennent des équipes de travail composées de 40 à 70 personnes. Les animaux, jardins sont propriétés des familles.
Un système de points (différent de celui du « Grand Bond en Avant ») est mis en place : il correspond maintenant au travail individuel fourni et noté journalièrement par un comptable.
Ainsi un adulte peut obtenir 10 points par jour de travail dans les rizières, les moins de 16 ans, 6 points ; la garde des bovins dévolue en général aux enfants rapporte 1 point pour les moins de 3 ans, 2 points pour les autres…
Amender les rizières avec des palanches de fumier (40 kg) rapporte 8 points si la rizière est éloignée et seulement 4 points pour les zones plus proches.
Généralement toute activité agricole ou forestière donne la possibilité d’obtenir des points ; les arbitrages sont effectués par les chefs d’équipe.
L’impact du relief sur les cultures
Dans chaque équipe de travail, un groupe s’occupe des rizières depuis le semis jusqu’à la récolte qui est alors stockée dans le grenier du village (en général de petites « maisons » en bois sur piloti à l’extérieur du village pour éviter leur destruction en cas d’incendie).
La fertilisation des sols est très disparate surtout en ce début de période où il a fallu reconstituer le cheptel de buffles et zébus, donnant des productions inégales allant du simple au double selon les parcelles. Dans certains cas pour aller au plus simple le fumage se fait en priorité dans les rizières les moins éloignées des village et le contrôle de la répartition du fumier n’est pas efficace.
Les rendements se ressentent : 15 quintaux/ha entre 1965 et 1980 contre 20 dans la période 1952-1955.
Des tentatives d’aménagement des versants en altitude sont réalisées comme l’introduction du blé d’hiver après la récolte du riz glutineux, récolté ensuite juste avant les semis du riz ; mais les rendements sont faibles, et cette pratique est vite abandonnée.
Les dirigeants de la Commune Populaire décident de passer à 2 cycles de culture du riz par an, les conditions climatiques de Danian transforment ces essais en échecs : les variétés de riz utilisées sont inadaptées à ce type de fonctionnement.
Sur les versants secs, les camélias prennent de l’ampleur ainsi que la production d’huile servant essentiellement comme matière grasse en cuisine et pour l’éclairage.
Si sur les sommets les forêts mixtes (feuillus et conifères) n’ont pas vraiment changé le paysage, au contraire aux alentours des villages, les potagers prennent de l’expansion avec la dotation pour chaque famille de parcelles de 0,3 à 0,5 mu pour s’autoalimenter et nourrir les bêtes (maïs) et produire du coton pour le textile.
Dans le prochain épisode nous restons sur cette période pour parler de l’élevage et des conditions de travail…
Nos articles sur le riz glutineux ont pour sources des données locales chinoises, internationales, et reposent sur une étude faite en 2009 par deux étudiants en école d’ingénieur en agronomie ayant passés plusieurs mois d’enquête sur le terrain à Danian, ainsi que nos observations personnelles dans la région du Guizhou et du Guangxi.