Découvrez, au travers du témoignage de David, ce qui l’a poussé à devenir parrain au sein de Couleurs de Chine.

J’ai découvert l’existence de Couleurs de Chine en 2001 alors que j’étudiais le chinois à l’INALCO (Langues O) à Paris. Lors d’un cours de géographie le professeur avait invité une de ses anciennes élèves à venir nous parler de ses expériences en Chine.

Cette ancienne élève était Françoise Grenot-Wang, connue aussi sous le nom de Fang-Fang qui nous a expliqué comment elle a découvert la région des Grandes Montagnes Miao alors qu’elle travaillait comme interprète pour une organisation humanitaire. Elle a appris que les filles n’allaient pas à l’école parce que les familles ne pouvaient pas payer leurs études en même temps que celles des garçons. Les filles étaient donc condamnées à rester illettrées, tout juste bonnes à garder les canards dans les rizières, n’ayant pas la possibilité de quitter leurs villages.

Françoise, qui raconte son expérience dans son livre « Au cœur de la Chine, une Française en pays Miao » nous a décrit comment elle a fondé l’association « Couleurs de Chine ».

J’ai compris que soutenir l’association permettait la scolarisation des jeunes filles des minorités ethniques avec tous les bénéfices qui en découlent pour la société. En me rendant sur place j’ai pu aussi découvrir une région de Chine épargnée par le tourisme de masse, une région encore très attachée à sa culture traditionnelle, et d’une beauté naturelle époustouflante.

L’association encourage les parrains à venir faire la connaissance de leurs filleules, et à découvrir la région des Grandes Montagnes Miao.

J’ai tout de suite adhéré à l’association, et deux ans plus tard je me suis rendu au village de Danian où est situé le bureau de Couleurs de Chine. J’y suis retourné au mois de mai 2018 et j’ai ainsi pu mesurer l’ampleur et la rapidité des changements dans la région.

En 2003, Fang-Fang accueillait les visiteurs chez elle. En 2018 la prise en charge était assurée par Pays Miao, une structure à part, chargée de la logistique des voyages.

En 2003 il m’a fallu un jour et demi pour me rendre de Guilin, la ville la plus proche, en remontant le fleuve jusqu’au débarcadère devant la maison de Fang-Fang. En 2018 j’ai pu prendre un TGV depuis Guilin jusqu’à Congjiang, où la voiture de Pays Miao nous a conduits à Danian en moins de trois heures.

En 2003, il y avait encore peu de routes pour accéder aux villages de montagne. On partait à pied avec Françoise, suivant les petites digues le long des rizières, et on passait la nuit sur la terrasse de la maison de l’instituteur du village, pour être réveillés par le chant du coq et l’odeur des premiers feux de bois. En 2018 on a pu accéder beaucoup plus facilement et rapidement aux villages grâce aux transports assurés par Pays Miao.

Nous avons pu constater les ravages des feux, très fréquents dans des villages où toutes les maisons étaient en bois, et découvrir aussi que les autorités locales encouragent une reconstruction « en dur » qui a beaucoup moins de charme, mais a le mérite d’être beaucoup plus résistante aux départs de feu intempestifs. Les villageois sont aussi davantage sensibilisés aux risques d’incendie et beaucoup de villages sont désormais équipés de lances d’incendie. J’ai également été frappé par l’activité de construction de routes et d’immeubles autour de Danian engendrant — toutes proportions gardées — des embouteillages dans la rue principale, ce qui était impensable il y a quinze ans.

Le phénomène de la « génération manquante » s’est accentué depuis ma première visite. Les parents des enfants, de plus en plus, sont obligés de partir dans les grandes villes chercher du travail et ce sont souvent les grands-parents qui doivent s’occuper des petits enfants.

En 2003 la plupart des filleules étaient encore des « petites » qui fréquentaient l’école du village ou le lycée de Danian. En quinze ans la démographie est passée par là et les petites d’antan sont devenues des « grandes » regroupées dans des établissements dispersés dans toute la province du Guangxi, raison pour laquelle je n’ai pas pu cette fois-ci rencontrer ma filleule qui faisait ses études dans un lycée se trouvant à six heures de route de Danian.

J’ai par contre retrouvé la chaleur de l’accueil des villageois toujours très attachés à leur culture et à leurs traditions, la beauté des paysages, mais aussi le dénuement, le manque de moyens justifiant l’action de Couleurs de Chine.

On entend parfois dire, lorsque l’on parle de l’association à des gens qui ne connaissent pas la Chine, « Mais la Chine est un pays riche, pourquoi le gouvernement n’est-il pas en mesure de subvenir aux besoins de la population ? » La Chine est effectivement en train de devenir un pays riche, mais c’est également un pays très étendu connaissant d’énormes inégalités et disparités de richesse. Le rêve de tout humanitaire est qu’un jour les responsables locaux puissent prendre la relève. Mais ce jour n’est pas encore arrivé.