Petite présentation (parcours professionnel), comment as-tu connu Couleurs de Chine, tout ce dont tu as envie de nous faire part !

Passionnée par la Chine, sa et ses cultures, les minorités ethniques, j’ai poursuivi des études de Chinois et de sociologie. Alors que je travaillais depuis 4 ans au Centre Culturel de Chine à Paris, une amie m’a envoyé une annonce d’emploi car cette annonce était d’après elle complètement faite pour moi. En effet, j’ai postulé et j’ai été recrutée pour assister Françoise Grenot-Wang, fondatrice de l’association.

Malheureusement, elle est décédée juste avant mon arrivée sur place et avec toute l’aide du conseil d’administration je me suis retrouvée sur place à gérer l’association avec l’équipe locale, à tenter que les 5000 filles parrainées par l’association puissent continuer à l’être. Sans presque m’en rendre compte j’ai passé quatre années à Danian à poursuivre cette mission de scolarisation et de préservation de la culture locale.

Après cette mission de terrain, j’ai été recrutée par une autre association à Shanghai, « Shanghai Young Bakers » en tant que directrice de programme, un programme de formation haut de gamme en boulangerie et pâtisserie française pour jeunes défavorisés issus des campagnes chinoises.

Après ces années chinoises, je suis rentrée en Bretagne afin de reprendre l’épicerie fine de ma mère. Un grand tournant qui me rapproche de mon pays natal, si cher aux chinois !

Quelles ont été tes fonctions au sein de Couleurs de Chine ?

Au sein de Couleurs de Chine j’ai été chargée de programme sur le terrain à Danian pendant presque 4 ans, de 2009 à 2013. Mon travail consistait principalement à gérer l’équipe locale et d’assurer le bon fonctionnement de l’association sur le terrain, de la bonne attribution des fonds. Les fonds étaient principalement dédiés aux scolarités et aux chantiers de construction et d’aménagement qui étaient nombreux à cette époque-là. J’aidais par ailleurs beaucoup la structure d’accueil Pays Miao, cela me permettait d’accompagner les visiteurs sur le terrain et de rencontrer les interlocuteurs répartis dans les 110 villages où Couleurs de Chine intervient.

Depuis que j’ai quitté Danian, je fais partie du Conseil d’Administration et je retourne à Danian dès que je le peux.

Pourquoi avoir choisi Couleurs de Chine ?

Je n’ai pas vraiment choisi Couleurs de Chine, ce fut une opportunité pour moi de découvrir la Chine de l’intérieur, pouvoir être au plus près des populations vivant à la campagne. Bien évidemment, avant d’y aller je ne me rendais absolument pas compte de la réalité locale et en 4 années sur place j’ai énormément appris. J’ai appris sur le plan humain, sur le plan culturel, professionnel, sur moi-même et cela grâce à Couleurs de Chine.

Couleurs de Chine est une très belle association qui agit à une échelle humaine tant par la connaissance que nous avons des bénéficiaires du programme et du terrain que par le réseau de bénévoles qui œuvre au quotidien à trouver des fonds, organiser des évènements… Les actions de Couleurs de Chine font la différence localement depuis 15 ans et là où il n’était pas normal pour les filles d’aller à l’école, ça l’est devenu. Pouvoir observer des jeunes femmes diplômées qui ont le choix par le biais de l’éducation est la plus belle des récompenses pour l’association.

Qu’est ce qui t’a le plus marqué durant tes années à Danian ? Qu’est ce que tu as le plus aimé ?

Il faudrait un livre entier pour exprimer ce qui m’a le plus marqué à Danian ou ce que j’ai aimé à Danian. Cette expérience restera « Ma grande expérience ». Les Miao sont un peuple extrêmement généreux, très travailleur et très courageux. En les observant et en échangeant avec eux, on apprend à devenir plus humble et à remettre en question nos contrariétés quotidiennes. Ils ont une culture tellement riche transmise de génération en génération, une beauté intérieure et extérieure incroyable. Ils vivent en harmonie avec la nature et rendent ce qu’ils prennent.

Avoir eu l’opportunité de vivre à leurs côtés où ils me considéraient comme une des leurs est une chance énorme. La différence culturelle reste bien évidemment mais lorsque l’on est le seul occidental sur place, on a tendance à se fondre dans la culture locale et à s’imprégner des us et coutumes.

Une petite anecdote à nous raconter ?

L’association aidait une jeune fille du village de Longpei. Une partie de ce village avait été victime d’un incendie qui avait détruit de nombreuses maisons. La maison de cette jeune fille avait brûlé et ses parents ont donc dû partir travailler en ville afin de gagner de l’argent pour reconstruire une maison, laissant derrière deux jeunes filles et un petit garçon. Au bout de quelques années la jeune fille a dû elle aussi partir gagner de l’argent en ville et arrêter ses études pour aider à la reconstruction de la maison familiale. Elle a travaillé à l’usine quelques années et a su trouver la force de reprendre les bancs de l’école pour poursuivre ses études avec des années de retard. Un diplôme universitaire d’anglais en poche, elle a décidé de retourner à Danian pour enseigner l’anglais aux Miao et aux Dong. Elle porte la tenue Miao, enseigne l’anglais et a fondé une famille à Danian.

Elle est pour moi l’exemple même de la force des jeunes femmes Miao et qui justifie complètement l’engagement de Couleurs de Chine dans cette région des Grandes Montagnes Miao. Avoir le choix d’aller à l’école ou non, avoir le choix de porter la tenue traditionnelle ou pas, le choix de partir vivre en ville ou de rentrer transmettre son savoir.

En interrogeant les filleules de l’association, on se rendait compte que la moitié voulait rester et la moitié souhaitait partir vivre en ville pour une vie plus moderne et où l’emploi est peut-être plus accessible. Accéder à l’éducation permet d’avoir un recul sur qui l’on est et d’où l’on vient et permet à la culture de se transmettre.

En conclusion, je souhaite remercier tous les bénévoles et amis de Couleurs de Chine. Sans eux, Couleurs de Chine ne serait pas là aujourd’hui.